L’Arabie saoudite et la Chine mettent fin au pétrodollar

Le dollar, en tant que principale monnaie de réserve mondiale et acteur central des échanges internationaux, connaît un déclin notable depuis le début du conflit en Ukraine. Les sanctions imposées par les États-Unis à la Russie, notamment le gel de 300 milliards d’euros/dollars, ont provoqué des répercussions mondiales. Cette action a incité de nombreux pays à réduire leur dépendance vis-à-vis du dollar, notamment l’Arabie saoudite, pivot du système pétrodollar, qui prend des distances symboliques avec cette monnaie.

Même la demande des principaux créanciers des États-Unis, comme la Chine et le Japon, a montré une certaine instabilité récemment, illustrée par les difficultés rencontrées lors des récentes émissions d’obligations du Trésor américain.

Parallèlement, l’offre de dollars a considérablement augmenté avec l’émission record de 2 000 milliards de dollars de dette par le Trésor cette année, aggravée par la réduction mensuelle de 60 milliards de dollars des bons du Trésor achetés dans le cadre du programme d’assouplissement quantitatif de la Fed.

Cette dédollarisation accélérée ne sera pas sans conséquences pour les États-Unis. La diminution de la demande de dollars pourrait peser sur sa valeur, entraînant potentiellement des pressions inflationnistes via l’augmentation des coûts d’importation.

Malgré cela, le dollar conserve toujours sa position dominante, représentant 88 % des transactions sur le marché des changes (forex) et occupant 46 % des paiements SWIFT, tandis que l’euro représente 23 % et le yuan 3,7 %. Néanmoins, ces chiffres ne capturent pas entièrement la dynamique en cours.

Le système de paiement international chinois (CIPS) a traité en 2022 un volume de transactions équivalant à 100 000 milliards de yuans (~ 14 000 milliards de dollars), comparé aux 150 000 milliards de dollars traités par SWIFT.

La dédollarisation se manifeste également dans les réserves des banques centrales, qui étaient auparavant composées à 65 % de dollars et sont maintenant à 58 %. Les détenteurs étrangers de la dette publique américaine ont également diminué, passant de 43 % à environ 30 % au cours des dix dernières années.

Cette tendance s’étend même aux marchés pétroliers, où le pétrole russe est désormais vendu dans des devises autres que le dollar, illustrant le crépuscule du pétrodollar. L’Arabie saoudite a également conclu un swap de devises significatif avec la Chine, annonçant des achats de pétrole en yuan prochains.

Les BRICS+, regroupant 11 membres et représentant une part substantielle de la population, de l’économie mondiale et de la production de pétrole, témoignent de cette tendance à se détourner du dollar. Cette alliance, combinée à des développements économiques, militaires et culturels, marque une transformation géopolitique majeure, indiquant un monde multipolaire en devenir.

Les répercussions de cette évolution sur le dollar et les systèmes financiers mondiaux pourraient être considérables à moyen et long terme. Les implications géopolitiques, économiques et monétaires de cette dédollarisation progressive se dessinent, signalant une redistribution du pouvoir et des équilibres mondiaux à venir.

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